Alors qu’il s’annonçait comme le grandissime favori du 97ème Grand Prix d’Amérique, Bold Eagle est désormais en proie au doute, lui qui n’est pas parvenu à franchir le poteau en tête en trois tentatives dans les joutes EpiqE Series. Focus sur ces compétiteurs capables de le faire tomber de son piédestal le dernier dimanche de janvier.

Deux trotteurs, deux champions, sont parvenus à tenir tête à Bold Eagle et lui barrer à deux reprises le chemin des filets. Honneur à Bird Parker qui a réussi à battre le crack entraîné par Sébastien Guarato à deux reprises, ce qu’aucun trotteur n’avait réussi à faire jusqu’à présent. Si l’écart à l’arrivée est plutôt restreint, force est d’admettre que le partenaire de Jean-Philippe Monclin évoluait ferré en dernier lieu dans le Grand Prix de Belgique et qu’il a assumé tout le poids de la course. Ses chances de briller le dernier dimanche de janvier sont donc très élevées, à l’instar de Propulsion. Considéré comme sa meilleure chance par Daniel Redén, le fils de Muscle Hill a été intraitable dans le Grand Prix de Bourgogne, historiquement la plus révélatrice des épreuves qualificatives, en l’emportant quasiment de bout en bout. Détenteur du record d’Europe du mile (1’08’’1) et quatrième du dernier championnat du monde des trotteurs, Propulsion a repris de la fraîcheur et pourra compter sur son célèbre driver « Ice Man » Örjan Kihlström, vainqueur en 2014 avec Maharajah, pour faire la différence.

Gare à Bélina Josselyn !

Si Readly Express n’a toujours pas devancé Bold Eagle, terminant juste derrière lui dans le Grand Prix de Belgique en dépit d’un mauvais départ, ses chances de rafler la mise ne sont pas des moindres grâce à son incroyable talent. Champion d’Europe et meilleur trotteur de sa génération, le champion de Timo Nurmos compte 20 succès en 24 tentatives et a toujours terminé dans les trois premiers. Au vu de son facile succès dans le Prix Ténor de Baune et de sa magnifique fin de course dans la sixième étape du Circuit Trot des EpiqE Series, il s’annonce redoutable. Cette liste n’est bien entendu pas exhaustive, loin s’en faut, car d’autres compétiteurs sont en mesure de créer l’exploit. Bélina Josselyn n’a pour le moment rien montré mais déferrée des quatre pieds et entraînée par Jean-Michel Bazire, la belle alezane, dauphine de Bold Eagle en 2017, sera prête le jour J.

Il entretient une histoire très personnelle avec le Grand Prix d’Amérique. La course qui fait rêver tous les fans et les professionnels du Trot. Eric Raffin, pilote complet, sera au sulky de Valko Jenilat dans la plus grande course au monde.

28 janvier 1990. Eric Raffin a 8 ans. A ses côtés, son frère aîné Olivier. Près de 30 000 spectateurs à Vincennes Hippodrome de Paris sont venus applaudir le roi Ourasi pour son incroyable tentative de quatrième victoire dans le Grand Prix d’Amérique. Mais les deux frangins n’ont d’yeux que pour Pussy Cat, la jument entraînée par leur père Jean. Et quand celui-ci propulse la championne en tête de course dans la descente de Vincennes, juste sous les yeux embués de ses deux fils, le frisson est immense, la sensation inoubliable. « On était déjà en pleurs de voir la jument de notre père en tête d’un Prix d’Amérique, ça reste un grand souvenir de gamin, un moment resté gravé à vie » se rappelle Eric Raffin avec émotion.

5 Etriers d’or à son palmarès

C’est le déclic, et il a beau être très à l’aise avec ses pieds et un ballon rond, le jeune Eric se servira surtout de ses mains : il veut devenir pilote de courses de chevaux. Dans son antre familial, au cœur de la Vendée, région chère aux Raffin où le grand-père a lancé ce qui deviendra une grande saga hippique, Eric nourrit son ambition et prouve qu’il a en lui ce petit plus qui ne s’explique pas. Héritage génétique ? Apprentissage inné après des années passées en bord de piste à voir son père et son grand frère s’illustrer en course ? Motivation pour faire encore mieux qu’Olivier, sacré meilleur apprenti de France ? Tout à la fois ? Allez savoir, en tout cas, le jeune homme est doué, très doué. Sa position à cheval et sa main dans un gant de velours mêlés à son goût pour la compétition font de lui un incontournable des pelotons depuis près de dix ans déjà ! A la clé des succès de prestige dans les deux spécialités du trot, le monté et l’attelé, preuves de son éclectisme. Une polyvalence récompensée par des Etriers d’Or (cinq au total) et surtout au combiné (attelé+monté), titre qu’il a conquis encore en 2017, pour la quatrième fois de sa carrière.

Roxane Griff, sa jument de coeur

Si le Grand Prix d’Amérique ne figure pas encore à son palmarès, dans son cœur, c’est tout comme. En 2012, il concluait deuxième derrière le phénomène Ready Cash, au sulky de Roxane Griff, jument avec laquelle il remporta aussi le Grand Prix de Cornulier, l’équivalent de l’Amérique au monté. Une championne à son image, complète, généreuse et compétitrice hors pair. Au sulky du combattif Valko Jenilat, vainqueur du Grand Prix de Bretagne, la première étape qualificative pour la Finale des EpiqE Series, Eric Raffin pourrait lui aussi négocier dimanche 28 janvier la descente de Vincennes en tête, comme son père Jean il y a 28 ans. A son tour, celui-ci sera parcouru par le frisson, qu’il rêve secrètement de faire durer jusqu’au poteau d’arrivée.

Si Bold Eagle venait à remporter le Grand Prix d’Amérique 2018, il serait le 5ème champion de l’Histoire à devenir triple vainqueur de l’épreuve. Rejoindre des trotteurs inscrits dans la Légende, c’est aussi, pour le champion en appel, un des enjeux majeurs de ce Grand Prix d’Amérique 2018.

Outre la victoire, évidemment primordiale, il s’agira pour Bold Eagle d’un des enjeux majeurs dans la Finale des EpiqE Series 2018 : tenter de rejoindre quatre trotteurs légendaires au palmarès des triples lauréats.

Deux juments et deux mâles figurent au panthéon de ces triples lauréats du Prix d’Amérique : Uranie, dans les années d’avant-guerre, Roquépine, dans les années 60, Bellino II, dans les années 70, et Ourasi, le seul et unique quadruple vainqueur, dont l’ultime succès remonte à 30 ans.

Uranie :

Surnommée l’Alezane Volante pour ses allures aériennes mais ombrageuse et caractérielle, Uranie survola cependant son époque, devenant la première star du Trot Français, attirant par sa seule présence des dizaines de milliers de spectateurs. Capable de rendre parfois jusqu’à 125 mètres à ses rivaux, elle a remporté les Prix d’Amérique 1926, 1927 et 1928, terminant encore 2ème en 1930, l’année de ses 10 ans où elle s’est retirée de la compétition.

Roquépine :

40 années après Uranie, une fantastique jument domina à son tour son époque sans partage. Dotée d’une très grande puissance et d’un jeu de jambes exceptionnel, Roquépine fit briller les couleurs d’Henri Levesque sur toutes les pistes du monde, USA compris où elle fut élue meilleure jument d’âge, un exploit pour une française. Elle s’octroya les Prix d’Amérique 1966, 1967 et 1968, offrant à son driver attitré Jean-René Gougeon la première de ses 8 victoires dans l’épreuve, avant de devenir la mère de Florestan et de Granit, étalons qui ont ensuite brillamment transmis sa classe hors du commun.

Bellino II :

Cet extraordinaire cheval né en Savoie, surnommé le Rouleau Compresseur pour la manière dont il écrasait ses adversaires, possède un palmarès unique dans les deux disciplines à l’attelé et au monté. Outre la totalité des groupes I sous la selle et la plupart de ses homologues attelés, Bellino II a fait briller la casaque de son propriétaire éleveur Maurice Macheret en remportant les Prix d’Amérique 1975, 1976 et 1977, devenant une star absolue, invitée même sur le plateau du journal de 13h de TF1.

Ourasi :

L’icône intégrale du Trot Français dont la statue trône à Vincennes Hippodrome de Paris, son jardin. Précoce, Ourasi s’est imposé dans le Critérium des Jeunes, puis dans celui des 5 Ans avant de courir jusqu’à l’âge de 10 ans. Nonchalant, presque paresseux d’où son surnom de « Roi Fainéant », il savait ce qu’il devait faire dans un parcours, faisant dire à son fameux driver Jean-René Gougeon : « je ne pensais pas les chevaux intelligents. Ourasi m’a fait changer d’avis. » Le phénomène remporta 3 Prix d’Amérique d’affilée en 1986, 1987 et 1988, se classa 3ème en 1989 car il n’avait pu uriner avant la course, puis reprit son sceptre en 1990 pour devenir le seul et unique trotteur 4 fois lauréat du Prix d’Amérique.

Détail amusant : les années 6, 7 et 8 sont très propices aux triplés puisque Uranie, Roquépine et Ourasi se sont imposés lors de ces années-là, Bellino II, atteint par la limite d’âge, n’ayant pas eu le droit de courir en 1978. Un signe favorable pour Bold Eagle ?…
A noter également que tous ces triplés ont été réalisés à la suite.

Meilleur entraîneur de France aux gains depuis 2014, l’orfèvre du Ménil-Bérard, mentor du crack Bold Eagle, va tenter d’inscrire son nom au palmarès du Grand Prix d’Amérique pour la troisième année d’affilée. Portrait.

Sébastien Guarato est né en 1972, l’année des « G ». « G » comme la première lettre de son nom, illustrant le logo de son écurie de courses mais aussi de son haras de la Meslerie, basés à l’Est de l’Orne, tout près de L’Aigle. L’Aigle, là encore un lieu prédestiné pour celui qui est le double tenant du titre dans le Grand Prix d’Amérique, grâce à son pensionnaire… Bold Eagle briguant, cette année, un troisième sacre consécutif dans la course phare du trot mondial. Bold Eagle, l’aigle trotteur, rapace de haut vol titulaire au 9 janvier 2018, de plus de 3,5 millions d’euros de gains, pour 37 victoires obtenues en 46 sorties, le plus beau des palmarès pour un cheval tout juste âgé de 7 ans, avec déjà seize Groupe I à son actif.

Collectionneur de courses au plus haut niveau

Voilà 22 ans qu’il entraîne. 22 ans, c’est le temps s’écoulant entre deux générations de Trotteurs Français, sachant que chaque année de naissance correspond à une lettre précise. En 22 ans, Sébastien Guarato a remporté 18 des… 22 épreuves majeures du calendrier du trot français, ces fameux Groupe I. Plutôt que d’énumérer tous ces succès, autant ne citer que les quatre courses manquant encore à son palmarès : le Prix de Vincennes, le Prix Albert Viel, le Prix du Président de la République et le Critérium de Vitesse de la Côte d’Azur. C’est dire si l’entraîneur a d’ores et déjà marqué de son empreinte le début de ces années 2000, grâce à son talent de metteur au point décelé dès ses premières années d’installation et révélées encore plus au grand jour, quand il a créé son propre centre d’entraînement normand et acquis la confiance de plus en plus de propriétaires.

Sans prise de tête !

Sébastien Guarato a réussi une parfaite synthèse du meilleur de ce qu’il a appris aux côtés de son seul maître d’apprentissage (Marcel Cherruau), de ses propres expériences connues très jeune (il s’est mis à son compte à 23 ans) et de son sens inné des allures du trotteur. Ayant le talent pour entraîner, un « art » qui ne s’explique pas et passe également par les savoirs d’harnacher et de ferrer, le Bordelais d’origine a immédiatement crevé l’écran, au fur et à mesure que le nombre et la qualité des chevaux confiés ont augmenté. Dix ans après ses débuts, il pointe déjà dans le Top 10 des entraîneurs, ses élèves dépassant pour la première fois le million d’euros de gains, en 2006. En 2014, il est sacré tête de liste de sa profession, par les gains. Depuis cette date, la première place sur le podium lui est réservée et sur les dix dernières années, ses pensionnaires ont gagné plus de 50 millions d’euros ! A 45 ans, Sébastien Guarato ne se prend pas pour autant la tête : « Je ne fais qu’entraîner des chevaux de course et je ne suis pas comme un chirurgien ayant droit de vie ou de mort sur ses patients. » En résumé, Sébastien Guarato fait le métier qu’il aime, avec réussite et talent, pour le plus grand plaisir des turfistes et de ses propriétaires.

Vincennes Hippodrome de Paris a lancé le compte à rebours du Grand Prix d’Amérique Finale EpiqE Series. C’était ce mardi soir à l’occasion de la soirée J-68. Le mécénat lié au Championnat du Monde programmé dimanche 28 janvier a été officiellement présenté. L’édition 2018 met en lumière l’Association Princesse Margot, qui améliore le quotidien des enfants et adolescents atteints d’un cancer. Muriel Hattab, la présidente et fondatrice, a souligné l’importance d’un tel partenariat pour Princesse Margot. La recette des entrées le jour J sera reversée à l’association. Un tee-shirt collector signé IRO a été également mis en vente sur le site LeTROT.com et dans les boutiques de Vincennes Hippodrome de Paris. Princesse Margot recueillera l’intégralité des bénéfices de l’opération.

Les personnalités ont joué le jeu

Plusieurs vedettes du petit écran et du show-biz se sont déplacées pour l’événement. Arianne Massenet, Elisa Tovati, Philippe Bas, Gus le magicien, Grégory Cohen, Caroline Ithurbide et Pascal le grand frère ont découvert l’univers des courses au trot grâce aux visites des écuries et à l’initiation aux paris. Les partenaires et soutiens du Grand Prix d’Amérique Finale EpiqE Series étaient également présents, à l’image de Harley Davidson ou encore Lalique. C’était également l’occasion de dévoiler le visuel et le slogan de l’épreuve. Un seul mot d’ordre pour l’édition 2018 : venez ! vivez ! vibrez ! sur fond de couleurs bleu et rouge. Rendez-vous dimanche 28 janvier à Vincennes Hippodrome de Paris pour la course que le monde entier attend !